GAETAN BRUGNOLI (prêtre)
La vie de nos premiers Pères
qui ont vécu avec St Gaspard Bertoni
P. GAETAN BRUGNOLI
1790 - 1858
1. Naissance et études
Il est né à Vérone le 25 Mars 1790 dans la paroisse de Sainte Anastasie, du notaire Carlo et de Rosa Casari, une famille honorable et aisée. Nous n’avons pas de nouvelles de son enfance, mais de sa jeunesse, lorsque de 1807 à 1810 il a fréquenté le nouveau lycée de Sainte Anastasie, en obtenant de bons résultats, voire excellents en mathématique, physique et dessin.
Il se rendit ensuite à Padoue pour continuer les études et devenir ingénieur. Pendant ses études à Padoue, il a été recruté pour le service militaire dans les troupes d’infanterie de Napoléon. Il s’est ainsi rendu à Milan, mais lorsqu’il devait partir au front, il a obtenu de se rendre à Modène pour fréquenter les écoles du Génie militaire et devenir ainsi ingénieur.
Il devint aussi capitaine du Génie et de la garde noble de Napoléon lui-même. C’est à Modène, où il a passé des années, qu’il a entendu la voix de Dieu. N’ayant pas assez de santé, il demanda et il obtint le congé. Il rentra à Vérone, où il put s’inscrire et suivre les cours de Théologie au Séminaire. L’amitié avec trois compagnons d’école, Bragato, Marani et Mazza, disciples de Bertoni, l’a amené à connaître l’Abbé Gaspard.
Avec ces trois promotionnaires et amis il a été ordonné prêtre le samedi 24 septembre 1814 par Mgr Liruti, Evêque de Vérone. Le lendemain il célébra sa Messe d’action de grâce dans sa paroisse de Sainte Anastasie. C’est Bertoni qui leur a prêché la retraite spirituelle au Grand-Séminaire : nous le savons par les notes prises par l’Abbé Bragato dans son cahier spirituel.
L’Abbé Giacobbe fait mention de l’Abbé Gaétan Brugnoli comme de « celui qui a institué et dirigé l’Oratoire de Sainte Anastasie dans les premières années de son sacerdoce ». En effet, il y travailla pendant trois ans en sa qualité de vicaire de la paroisse.
2. Son entrée aux Stigmates
L’Abbé Gaspard a accueilli avec joie l’Abbé Brugnoli aux Stigmates ; le P. Gramego a écrit dans ses « Souvenirs » : « Oh que c’est beau ! Aujourd’hui, 11 octobre 1817, est venu chez nous aux Stigmates le bon prêtre Abbé Brugnoli. Vivent Joseph et Marie… ».
Avec la venue de l’Abbé Gaétan Brugnoli, la Communauté s’est enrichie d’un expert ingénieur, qui va devenir très bientôt le bras droit de Bertoni dans la réalisation de ses projets, à savoir la réfection de l’église et ensuite la construction d’un couvent d’après le projet du célèbre Carlo Ederle.
3. Ses qualités et ses travaux
L’Abbé Brugnoli s’est montré obéissant et un fervent apôtre. Il était assidu et infatigable pour les confessions, il prêchait avec zèle et vigueur avec une voix si puissante, qu’on l’entendait même en dehors de l’église. Il enseignait dans le gymnase avec beaucoup de clarté et une bonne méthode, si bien que ses élèves étaient très attentifs.
Brugnoli dirigeait aussi les travaux de réfection de l’église des Stigmates et de la maison qui servait de couvent. Il a aidé également les Pères Jésuites pour la transformation et l’agrandissement de leur église de Saint Antoine dans l’avenue de Porta Nuova.
Pour la construction du maître-autel de l’église des Stigmates, en 1818, il confia le travail à un expert tailleur de marbre pour réaliser une œuvre vraiment artistique.
En décembre 1821 le plancher en dalles de marbre de l’église fut confié à un autre tailleur de pierre, qui le finit en juin 1822.
Enfin, le 3 octobre 1822, la toute reluisante église fut ouverte au culte publique.
Le 23 janvier 1823 on y célébra pour la première fois la fête des Saints Epoux Marie et Joseph, auxquels Bertoni avait dédié le maître-autel. L’Abbé Brugnoli fit un long discours pour bien faire comprendre aux fidèles l’histoire assez problématique de cette fête liturgique, qui a rencontré beaucoup de résistances au long des siècles, avant d’être approuvée par les Papes, d’abord pour certaines contrées d’Europe, ensuite pour toute l’Eglise.
Le 17 septembre on célébra pour la première fois la fête titulaire des Stigmates de Saint François d’Assise, avec la présence de 55 prêtres.
Avec l’ouverture de l’église aux fidèles, on ne pouvait plus employer la sacristie, le chœur et la tribune pour l’école, comme on faisait auparavant. Voilà pourquoi l’Abbé Gaspard prit un peu de terrain du potager de Ste Thérèse, qui, joint à celui des Stigmates, lui permit de construire des salles de classe et l’habitation des confrères. L’Abbé Brugnoli prépara le plan et dirigea les travaux, subventionnés par l’Abbé Bertoni, pour la durée de quatre ou cinq ans.
En 1824-1825 l’Abbé Brugnoli enseignait la troisième année de Grammaire avec huit élèves.
Pour la fête des Saints Epoux, le 23 janvier 1825, l’Abbé Gaétan assura encore la prédication, après l’avoir préparée, comme d’habitude, avec les confrères Bertoni et Marani : nous voyons cela par les écritures des trois qui se suivent dans les huit pages du sermon.
4. De son cahier de notes
De ce cahier des notes personnelles que l’Abbé Brugnoli tenait depuis avant même son entrée aux Stigmates, nous sommes renseignés sur sa vie spirituelle et aussi sur ses activités.
Il nous renseigne ainsi qu’en mai 1825 a eu lieu l’inopinée visite aux Stigmates des Souverains d’Autriche et de Hongrie avec leur suite. Les illustres visitateurs, après avoir salué le Père Gaspard, qui était alité dans sa chambre, mais qui enseignait quand-même ses douze élèves d’Humanité, passèrent dans la nouvelle construction qui était achevée, pour saluer les autres élèves et leurs professeurs. Ils purent voir l’avancement des travaux de l’autre bâtiment pour l’école du côté Est de la cour et le couvent en construction. Ils félicitèrent les Pères pour tout ce beau travail en faveur de la jeunesse.
En 1826 l’Abbé Brugnoli commence la construction du clocher, qu’il achève en 1833 avec la mise en place des cloches. D’autres travaux complémentaires sont mentionnés au fur et à mesure dans le cahier de Brugnoli. Il continue à assurer l’enseignement à l’école à un petit nombre d’élèves, comme aussi le P. Gaspard et les autres Pères. Par la suite les nouvelles du « cahier-Brugnoli » se font de plus en plus rares.
Après plusieurs années, en 1840 et 1841, le P. Brugnoli travaille pour la construction du Noviciat des Pères Jésuites.
Le 28 mai 1844, le P. Gaspard, ne pouvant pas être présent au Tribunal Provincial à cause de sa maladie, choisit comme son spécial procureur Mr l’Abbé Gaétan Brugnoli « pour qu’il me représente dans l’achat du petit domaine de Cesano (Sezano) des Frères Mineurs Moretti ».
Pour l’héritage du P. Cartolari, auquel les Pères des Stigmates renoncent, parmi les signatures, après celle de Bertoni, figurent celles des Pères Brugnoli, Gramego et Benciolini.
Une note de 1847 nous renseigne qu’on a pratiqué cinq saignée au P. Brugnoli, qui est malade.
En 1849 le P. Brugnoli écrit dans son testament : « Par ce papier je déclare que je ne possède aucun bien meuble et immeuble…, car le peu des choses que j’ai portées aux Stigmates, je les ai données
Au Très Révérend Père Gaspard Bertoni, à qui je dois infiniment davantage… ».
Le 5 février 1850 le P. Brugnoli écrit au P. Bragato pour lui faire savoir que les soldats autrichiens ont occupé le rez-de-chaussée des Stigmates ; aussitôt Bragato compatit à la souffrance de « mes pauvres frères, car pour eux la tranquillité et la paix sont parties ». Malgré toutes les entremises de Bragato, les soldats autrichiens restent aux Stigmates jusqu’au 24 juillet 1854.
En juin et en novembre 1850 on pratique d’autres saignées au P. Brugnoli. On les mentionne encore en 1853 et on ajoute que, pendant que le P. Gaspard vit sa longue agonie, les autres Pères sont aussi malades, en particulier le P. Gramego.
Le 12 juin 1853, le P. Marani donne la bénédiction apostolique pour l’approche de la mort du P. Gaspard et laisse le P. Brugnoli en prière auprès du moribond, pour se rendre faire le catéchisme de la « Quatrième classe » ; mais ensuite il se ravise et revient dans la chambre du vénéré Père et il se rend compte que le Père est déjà mort, alors que Brugnoli continuait sa prière.
5. Ses dernières années et sa mort
Le bon vieux P. Brugnoli, lorsqu’il entendait que des nouvelles vocations entraient aux Stigmates, disait une phrase qui restera célèbre parce reprise dans un des chants de la Congrégation :
« Mais qu’ils viennent à bataillons pour travailler pour la gloire du Seigneur ! ».
On appelait le Père la “petite colombe” à cause de sa simplicité et humilité, car il était toujours prêt à demander des excuses pour ses quelques erreurs, même involontaires.
Dans ses dernières années comme il souffrait d’apoplexie, une sorte d’évanouissement, et que ses facultés psychiques diminuaient, il ne pouvait plus confesser, mais il célébrait toujours la Messe et priait beaucoup. Il souffrait de plus en plus, mais il gardait sa patience et son courage et lorsqu’n lui disait : « Père, vous n’allez pas mourir de sitôt », il répondait : « C’est bien, ainsi je peux souffrir encore ! ».
Après avoir reçu les derniers sacrements avec beaucoup de paix et de dévotion, en murmurant les noms de Jésus et de Marie, le 19 novembre 1858 il rendit son âme au Seigneur. Il avait 68 ans, dont 41 de vie religieuse. A ses funérailles il y eut une grande participation de gens, en particulier des Oratoriens des Stigmates, dont il s’était beaucoup occupé.
Nécrologie
Né à Vérone le 25 mars 1790
Ordination sacerdotale : 24 septembre 1814
Entrée aux Stigmates : 11 octobre 1858
Mort aux Stigmates (Vérone) : 19 novembre 1858
Age : 68 ans