INNOCENTE VENTURINI (prêtre)
La vie de nos premiers Pères
qui ont vécu avec St Gaspard Bertoni
P. VENTURINI INNOCENT
1803 - 1864
1. Naissance et jeunesse
Innocent Venturini est né le 25 juillet 1803 à Vérone ; ses parents, Andrea et Caterina Zamperini, étaient assez pauvres, mais riches de vertus chrétiennes. Adolescent, il apprenait le travail de son père, qui était tapissier, mais il voulut plutôt devenir prêtre, avec l’approbation de son confesseur et de ses parents.
Il se mit alors avec ardeur à étudier avec l’aide d’un maître privé ; il entra ensuite au Séminaire du diocèse, où il fut un brillant élève. En 1815 il fut membre de la Congrégation de Marie.
En 1825 il prit la soutane dans son église de St Luc. Sa ferveur attirait à lui des enfants et des jeunes, auxquels il racontait avec brio des histoires édifiantes et les faisait aussi prier.
2. Avec l’Abbé Bertoni en marche vers la prêtrise
Son église étant toute proche des Stigmates, l’Abbé Venturini fit la connaissance de l’Abbé Gaspard, qui devint son conseiller spirituel, vers 1821, ce qui l’amenait à fréquenter souvent la communauté.
Le 23 septembre 1826 il reçut la tonsure et les Ordres mineurs des mains de Mgr Liruti.
Le 30 juillet 1827, l’Abbé Innocent eut la douleur de perdre son cher père ; il écrivait alors dans son cahier personnel : « St Joseph, vous savez que depuis plusieurs années je me suis confié à vous comme fils, surtout depuis que je fréquente ce paradis de votre Maison des Stigmates ; je me donne maintenant entièrement à vous ».
Le 22 mars 1828, l’Abbé Innocent reçut le Sous-diaconat, puis, le 31 mai, l’ordre du Diaconat et enfin il fut ordonné prêtre le 20 septembre 1828 dans la cathédrale de Mantoue (on ne sait pas pourquoi). Sa mère ne put participer à sa joie, car elle mourut trois mois auparavant. A cette occasion, l’Abbé Innocent écrivait dans son cahier : « Ma très sainte Marie, me voici orphelin de ma mère de la terre, soyez ma nouvelle Mère. Marie et Joseph, les Saints Epoux, qui m’avez recueilli, je me donne à vous ; protégez-moi dans ma vie et soyez près de moi dans ma mort ».
3. Prêtre et bon prédicateur
L’Abbé Innocent célébra une de ses premières Messes d’action de grâce (et pour le repos éternel de sa mère) aux Stigmates. Il exerça ensuite avec succès son premier ministère de prêtre dans sa paroisse de la Sainte Trinité, mais il se sentait de plus en plus attiré à faire partie de la communauté des Stigmates. Il s’y décida enfin en 1830. Voici ce qu’écrivait alors le P. Gramego : « Le 12 septembre 1830, après avoir beaucoup attendu, jusqu’à ne plus attendre, voici enfin venir chez nous mon Abbé Innocent Venturini. Que Dieu le bénisse et le rende saint ».
Notre Fondateur, comprenant que l’Abbé Innocent avait le grand don de la prédication simple et claire, le poussa à faire d’autres études ; il le chargea ensuite de la prédication au peuple, qu’on appelait « la quatrième classe ». Venturini eut très vite un tel succès, que de partout dans la ville on venait l’écouter. Il s’agissait plus précisément de la prédication de la Doctrine Chrétienne, ou Catéchisme, faite en patois pour le petit peuple qui ne comprenait pas la langue italienne. Ce catéchisme, dans lequel nos premiers Pères vont se spécialiser, était fait pendant l’été. L’exposition devait être simple, faite de beaucoup d’exemples, enrichie par des proverbes, entièrement en patois. Cette méthode était beaucoup aimée par le peuple, qui, pendant toute l’année était obligé à suivre de longs sermons en italien, avec de nombreuses citations latines, qui le déroutait et facilitait plutôt son sommeil. Non seulement le petit peuple venait écouter le grand catéchiste Abbé Innocent, mais aussi des prêtres venaient pour apprendre à faire la même chose, et même des gens cultivées l’écoutaient avec plaisir.
Pour enrichir son vocabulaire et bien connaître les différents métiers pour ses exemples, l’Abbé Innocent fréquentait volontiers les artisans et d’autres gens simples de la ville.
Cette catéchèse commençait en mai et finissait en septembre, entre « les deux fêtes de la Croix » : celle de la Sainte Croix (3 mai, aujourd’hui supprimée) e l’Exaltation de la Sainte Croix (14 septembre). Malgré l’horaire, de 15 heures à 17 heures, et la chaleur de l’été, aucun ne s’endormait pendant sa riche catéchèse.
L’Abbé Venturini tint ce genre de catéchèse pendant huit ans.
A remarquer que ces catéchèses étaient mises par écrit et, selon la coutume instaurée dans la communauté des Stigmates, elles étaient lues soit par le P. Gaspard seul, soit au réfectoire devant les confrères, pour connaître leurs appréciations et remarques.
L’Abbé Venturini était excellent pour tout genre de prédication : le dimanche pendant la Messe, les sermons faits les Vendredis aux Stigmates, les Récollection et Retraites aux élèves, aux fidèles et aux âmes consacrées.
4. Ministère de la Pénitence et deux graves dangers.
* Venturini avait aussi les qualités de la bonté, de la patience et de l’assiduité pour bien accomplir le ministère de la Pénitence pour tout genre de personne et à toute heure. Il se prêtait également à toute sorte de problèmes qu’on lui présentait, soit d’ordre spirituel que matériel, en se montrant un vrai frère et ami. Il rendait ce même service aux malades, en allant leur rendre visite dans les maisons.
* Avec le P. Marani, Venturini confessait aussi les prisonniers et, en particulier, les condamnés à mort. Ce ministère pas comme les autres, avait été sollicité par l’Evêque auprès du P. Gaspard.
* Il lui arriva un jour, avec le P. Marani, de faire aussi l’expérience de la prison à la suite d’une fausse accusation. C’était l’année 1848. L’armée du naissant Règne du Piémont et d’Italie, appuyée par la France, avec le général Carlo Alberto, remporta plusieurs conflits avec l’armée autrichienne dans la province de Vérone, vers le lac de Garda.
Les Autrichiens tenaient encore bien en main la ville de Vérone. Or c’est ici qu’un très grave incident survint dans l’église de St Nicolas, où onze prêtres, dont les Pères Marani et Venturini, confessaient les soldats autrichiens, entre un conflit et l’autre. Ces prêtres furent accusés de corrompre avec l’argent les soldats, pour qu’ils désertent l’armée. Aussitôt ces prêtres furent arrêtés et mis en prison. Par malchance le P. Marani avait reçu, ce même jour, de l’argent de la part du P. Bertoni pour sa nourriture dans la maison des « Derelitti » : cela paraissait alors comme la preuve de la vérité de l’accusation et mit vraiment en danger le Père avec un autre prêtre, qui avait aussi de l’argent sur lui. Ces onze prêtres passèrent dix jours en prison, jusqu’à ce que le Général Radetzky, grâce à une lettre de Mgr Mutti, les relâcha.
* L’autre grave danger que courut le P. Venturini fut l’épidémie du choléra à Vérone en 1855.
Il se prêta avec son habituel courage pour assister ces malades, malgré le danger ; à ce propos il nous a laissé une prière très poignante dans son cahier personnel : « Jésus, mon Seigneur, si vous voulez me punir par le choléra, je suis à votre entière disposition, prêt à mourir, pour assister mon prochain. O Saints Epoux, c’est par vos mains que je présente mon offrande que voici : faites qu’elle soit exaucée ».
5. L’enseignement avec des récollections et des retraites aux élèves
L’Abbé Innocent ne se limitait pas à l’enseignement dans l’école des Stigmates, qu’il faisait très bien, mais, grâce à ces notes qui nous sont parvenues, nous connaissons le contenu des récollections qu’il faisait chaque mois aux élèves, ainsi que des retraites.
Comme aux Stigmates on aimait beaucoup St Ignace de Loyola et St Alphonse de Liguori, les thèmes des retraites spirituelles traitaient assez souvent des péchés et des « Novissima », à savoir les « derniers événements » de l’existence humaine : la mort, le jugement, l’enfer, le purgatoire et le paradis.
« Soli Deo gloria » - « On fait tout pour la seule gloire de Dieu » était le programme de vie de St Ignace qu’on répétait souvent à ces adolescents et jeunes.
Un de plus beaux résultats de ces formations spirituelles à l’école des Stigmates fut le grand nombre de vocations à la vie sacerdotale : plus de 70 en 27 ans !
6. Vieillesse et mort
A partir des années 1850, Venturini se sent vieillir : il est souvent fatigué, sa vue diminue en plus en plus, au point qu’il ne peut plus enseigner ni prêcher comme auparavant. Même pour célébrer la Messe, il prend toujours la Messe votive de la Vierge Marie, qu’il apprend par cœur.
En 1855 il écrit dans son cahier : « O Marie, qui avez sanctifié la maison de Ste Elisabeth, rendez-nous visite aux Stigmates, et à moi qui suis proche de la mort ».
En 1859 il écrit : « Je dois prier chaque jour nos Saints Protecteurs et les Saints Innocents pour faire une bonne mort dans les bras de Marie et Joseph ».
Janvier 1860 : « Les Saints que je dois vénérer tout ce mois sont les Saints Epoux. Ah si je pouvais mourir le 23, le jour de leurs épousailles, avec leur assistance ! » « Marie, faites-moi la grâce de mourir le jour de vos épousailles, s’il vous plaît, pour que je vienne au Paradis pour fêter nos noces. Pour cela je vous offre mes, peines, mes prières et moi-même. Amen ».
En 1861 son désir devient de plus en plus fervent : “Comme première grâce, je dois demander l’humilité et une bonne mort dans les bras de Marie et de Joseph… Jésus, Marie, Joseph, aidez-moi à mourir vite et bien… dans vos mains ».
Cette fervente et fréquente prière pour obtenir une bonne mort était aussi le fruit de sa constante dévotion pour les âmes du Purgatoire, pour lesquelles il priait très souvent.
Le P. Innocent Venturini mourut saintement à l’âge de 60 ans, « dans le baiser du Seigneur » le matin du 26 février 1864. Pendant 34 ans il a été membre de l’Institut.
Nécrologie
Naissance : Vérone, Sainte Trinité, le 25.07.1803
Ordination : Mantoue, le 20.09.1828
Entrée : Stigmates, le 12.09.1830
Mort : Stigmates, le 26.02.1864
Age : 60 ans