FRANÇOIS BENCIOLINI (prêtre)
4. Benciolini héritier des biens de la Congrégation
Le P. Gaspard, bien avant de mourir, choisit parmi les confrères, l’Abbé François Benciolini comme héritier des biens de la petite compagnie, qui n’avait pas encore le titre de Congrégation. Cela arriva en 1855, lorsque le P. Marani obtint de Rome le Décret de Louange. A ce moment-là les 5 prêtres et les 3 frères professèrent les vœux religieux, qu’ils avaient déjà pratiqué depuis leur entrée aux Stigmates.
Chapitre III
L’Abbé Benciolini apôtre
1. Ministère de la prédication
Son ministère ne se limitait pas aux jeunes, mais embrassait les chrétiens de tout âge et classe sociale, le clergé, les communautés religieuses, et d’autres paroisses.
Pendant plusieurs années il a enseigné la Doctrine Chrétienne dans la toute proche paroisse de Saint Etienne. Il co-animait des Missions au peuple dans le diocèse de Vérone et aussi dans d’autres diocèses, comme Trente, Vicence, Padoue, Udine, etc.
On appréciait sa prédication franche, simple, pleine de zèle. Dans les notes de son journal personnel on lit qu’« il faut avoir une grande charité et la montrer : que ce soit pour la prédication, pour les confessions, pour les conseils, etc. » Il écrivait encore : « Pour punir ton orgueil de vouloir monter en chaire et faire des discours percutants pour attirer les applaudissements, le Seigneur t’a abaissé au point que tu n’es même pas capable d’enseigner la Doctrine Chrétienne aux enfants, ni, auparavant, pour enseigner, car tu es inférieur à tous ».
« Lorsque de bonnes personnes te félicitent, humilie-toi et regarde ce que tu es. Lorsque tu te sens méprisé et tu es tenté de te décourager, mets ta confiance en Dieu par les mérites de Jésus Crucifié. Aime la Vierge Marie et Saint Joseph ».
Pour sa manière simple, claire et fervente d’annoncer la Parole de Dieu l’Abbé François a obtenu aussi de grandes félicitations même de la part de personnes importantes, telles que l’Evêque et les Chanoines de la cathédrale de Padoue à la suite de la Mission au peuple de 1858. De même le Patriarche de Venise lorsque Benciolini prêcha la retraite spirituelle au clergé d’Udine en 1826.
Toutefois le critère souverain d’appréciation d’un sermon et d’un prédicateur reste celui indiqué par le Christ : « D’après leurs œuvres vous les reconnaîtrez ». C’est le cas de ce vieil homme qui, pendant la Mission dans la paroisse de St Thomas de Vérone, faisait sa confession en disant : « Ah ! Depuis 20 ans je ne me confesse pas, il faut que cela finisse ! ».
Le chroniqueur résumait ainsi le fruit des sermons prêchés par le P. Benciolini et par d’autres Pères des Stigmates durant les Missions : « Fruit très abondant, extraordinaire ; beaucoup d’émotion et de conversions ; des familles réconciliées qui pleurent ensemble… Des confessions de minuit à minuit ; plus de deux heures de Communions ; on n’a jamais vu une chose pareille… ».
Le grand succès un peu partout des Missions au peuple prêchées par nos Pères faisait dire au P. Lenotti : « En fait, le Seigneur montre très clairement que notre minime Congrégation est son œuvre ».
2. Ministère de la Confession
Il est bon de souligner ce ministère de la Confession, qui était le fruit immédiat de la prédication des Missions au peuple, des Retraites spirituelles dans les Séminaires et Instituts, dans les fréquentes visites de Benciolini aux malades et surtout dans son lieu habituel de ministère, Sainte Marie du Lis. Là les pénitents venaient d’un partout, des hommes de toute condition, pour se confesser, ravis par l’accueil et la gentillesse du Père. La veille des fêtes et solennités il lui arrivait de confesser jusqu’à minuit, pour reprendre le lendemain à quatre heures du matin.
Envers les malades, infirmes et nécessiteux il était non seulement prêt à les confesser, mais aussi à les aider. Objet particulier de son assistance et compassion étaient les prisonniers et bien davantage les condamnés à mort.
Chapitre IV
P. Benciolini, cher à Dieu et aux hommes
1. Pour son humilité et sa bonté
Le P. Marani répétait que Benciolini était un don trop grand pour les Stigmates, au point qu’on ne peut pas trouver un autre comme lui.
Le Card. De Canossa, Evêque de Vérone, l’aimait beaucoup et l’invitait de temps en temps chez lui, pour échanger avec lui et se détendre ; le P. François avait quatre ans plus que lui. Le Cardinal avait comme hobby la collection de timbres et Benciolini celle des petites images pieuses, qu’ils échangeaient entre eux.
L’anticléricalisme était assez répandu à Vérone aussi : un prêtre qui passait dans la rue, s’il rencontrait un groupe de vagabonds, se faisait facilement insulter ; mais cela n’arrivait pas au vieux Père François, qui était très connu et respecté même par ces gens-là.
Aux Stigmates, après les Saints Epoux, Saint François d’Assise était le troisième Saint Patron et on le fêtait avec solennité deux fois par an (lui-même et ses stigmates). Le P. Benciolini fit son panégyrique assez souvent. En 1834 il développa le thème « St François avait l’esprit des Apôtres ».
De celui di 1835 voici ce que Bertoni écrit à Bragato : « Le panégyrique de St François a été fait par le fameux Benciolini, qui sera « Bencioloni – un grand et gros Benciolini » ; cependant il n’a pas repris celui de l’année passée, mais celui que j’avais fait dans l’église de St Ferme ».
Le 4 octobre 1840 le P. Gaspard écrit encore à son cher fils Bragato : « Vale et ora –Salut et prie. Je vous invite comme d’habitude à fêter en esprit avec St François et à entendre une nouvelle fois le P. Benciolini ».
2. L’orage ou le contentieux avec le Royal Domaine (1866-1873)
La guerre du Règne d’Italie contre l’Autriche prit fin le 19 octobre 1866. Le 27 août 1867 commença une période de très graves difficultés pour notre famille religieuse, qui faillit se disperser dans la nature. L’héritage que le P. Benciolini reçut du P. Bertoni fut contesté par le Royal Domaine, qui le confisqua comme s’agissant des biens de la Congrégation, qui comme toutes les autres venaient d’être supprimées. Commença alors le célèbre litige du P. Benciolini contre le Royal Domaine qui prit fin seulement six ans après, grâce au Procurateur, le P. Rigoni, et l’Avocat Brasca, et surtout grâce à l’assistance des Saints Epoux Marie et Joseph. Le point fort du P. Benciolini et collaborateurs fut celui-ci : la Congrégation des Stigmates de Vérone n’avait reçu aucune reconnaissance officielle de la part du Saint Siège, si bien qu’elle n’existait pas encore et les biens en question appartenaient en fait au P. Benciolini seul.
Le 24 juin 1873 les biens du P. Benciolini, comprenant la maison des Stigmates, le couvent de Ste Thérèse et la maison des « Délaissés », lui furent restitués.
En souvenir de cet événement, le P. Lenotti, qui depuis 1871 avait succédé au P. Marani, décédé, institua aux Stigmates le fête du Sacré-Cœur de Jésus, que l’Institut s’engagea à promouvoir auprès des fidèles.
Le vieux Père François, lorsqu’on lui a parlé de faire une belle fête pour son jubilé, ne voulait pas, mais le Supérieur, le P. Pietro Vignola, lui dit d’accepter par obéissance et pour la seule gloire de Dieu. Le nombre des Stigmatins avait entre-temps augmenté, et il y avait assez de jeunes profès et élèves. Tous célébrèrent avec une grande joie ce beau jubilé le 19 septembre 1879. Le P. Rigoni, très bon orateur, tint l’homélie pour remercier Dieu pour tout le bien qu’il avait fait au P. Benciolini et par lui dans l’enseignement de l’école comme dans celui de la catéchèse aux enfants et aux adultes, dans la grande fidélité au confessionnal, dans la prédication ordinaire et extraordinaire par les Missions au peuple et par de nombreuses Retraites spirituelles.
Après le repas avec les frères et sa famille, on organisa un spectacle en son honneur avec des chants, des saynètes, des poésies en différentes langues (italien, latin, français). Tous ont exprimé leur admiration pour sa simplicité, son esprit religieux et sa grande bonté.
Chapitre V
Le déclin et la mort
1. Ses dernières années
Le P. François continua à célébrer la Messe, à écouter les confessions, à rendre visite aux malades et aux malheureux. Jusqu’à sa 83ème année Benciolini était encore en assez bonne santé, lorsqu’en janvier 1890 il eut une forte crise aux poumons, au point qu’il n’arrivait presque pas à respirer : cela dura quatre heures, durant lesquelles on craignit sérieusement qu’il allait mourir. Mais il put se reprendre peu à peu, mais désormais il ne sortait plus de la maison et il dormait dans un fauteuil par peur de suffoquer. On chargea alors le Frère Nicora de l’assister jour et nuit.
2. Maladie et mort
Avec le froid de l’hiver, le P. François avait encore plus de mal à respirer. Il célébra sa dernière Messe le 15 décembre 1891, 62 ans après sa première Messe. Presque toujours assis, il passait ses journées en priant continuellement, en se plaignant aussi un peu de ne plus avoir la force pour célébrer encore l’Eucharistie. Il était calme et serein, abandonné à la volonté de Dieu, et comme pendant toute sa vie, il gardait encore sa bonne humeur ; il se plaisait de lire quelques livres pieux. Mais quand la souffrance se faisait plus pénible, il devenait sérieux et mélancolique. Alors le Frère lui suggérait des petites prières et lui rappelait quelques bribes de ses homélies dans l’église de St Etienne ; alors il se ranimait et retrouvait la paix.
En janvier 1892 il eut une autre grave crise, qui semblait l’emporter ; on lui administra alors l’Onction des malades, mais il put se reprendre encore pour un mois.
Le 19 février 1892, le P. François Benciolini sereinement s’endormit dans le Seigneur.
Le P. Luigi Tomasi écrit : « Je viens de recevoir la nouvelle de la mort du vénéré et très cher P. François Benciolini, le « vieux » des Pères Stigmatins, qui par sa vie nous rappelait très bien les vertus de nos premiers Pères et en particulier le P. Fondateur, avec lequel il avait vécu beaucoup d’années ».
Nécrologie
François Benciolini, prêtre.
Né à Vérone le 18 mai 1806
Ordination sacerdotale : le 19 septembre 1829
Entrée aux Stigmates : le 11 novembre 1829
Mort aux Stigmates : le 19 février 1892
Age : 85 ans.